Le 13 nov.
→ Veynes
· Cinéma Les Variétés - Quai des Arts - 2 Avenue des Martyrs
Le film de Claude Chabrol
Présentation du film et échanges après la projection
Réservation conseillée en ligne
Mais vous pouvez aussi appeler le 04 92 58 15 27 aux heures d'ouverture du Quai des arts.
Bonjour à vous, spectateurs de Ciné mon Mardi, fidèles ou occasionnels, cinéphiles chevronnés ou amateurs avertis d'un cinéma de qualité,
« Il faut exprimer des choses complexes de façon simple, plutôt que le contraire » aime à répéter Claude Chabrol. Cet équilibre est parfaitement tenu dans le scénario du Boucher, l'un des plus réussis du cinéaste : l'intrigue propose une continuité haletante tracée comme une épure, tandis que le film charrie l'histoire même de l'humanité, perspective remontant au temps des cavernes – les peintures rupestres du générique, celles de la visite scolaire au grottes de Lascaux –, et regarde vers l'acquisition difficile, voire impossible de la culture, combat contre les pulsions primitives de la bête qui sommeille en l'homme. Le lieu est unique, les personnages peu nombreux, mais l'enjeu est universel : l'impuissance à communiquer est le sujet central du film.
Antoine de Baecque, Chabrol, Stock 2021
Pour commencer
Ça commence gaiement par un mariage campagnard où « Popaul », le boucher, rencontre « Mademoiselle Hélène », l'institutrice, idylle naissante ? Et puis, alentour, de jeunes femmes sont assassinées… L'institutrice soupçonne le boucher. Pourtant…
Allons plus loin
Tourné en 1969, Le Boucher scelle pour Claude Chabrol la fin d'une décennie prodigieuse lors de laquelle il a livré ses plus beaux opus. S'inscrivant dans l'impressionnante lignée de Landru, La Femme infidèle et Que la bête meure, Le Boucher s'offre sous les meilleurs auspices chabroliens : équipe de fidèles (Jean Rabier à la lumière, Jacques Gaillard au montage, musique de Pierre Jansen), acteurs de prédilection (Stéphane Audran, Jean Yanne) et terreau provincial.
C'est une figure très chabrolienne qui fournit le cadre des premières séquences : un banquet de mariage, salle des fêtes miteuse, foule endimanchée... Chabrol est passé maître dans la captation quasi documentaire de ces scènes de la vie provinciale, auxquelles il injecte le condiment qui subtilement les altérera : grain de la discorde ou piment du soupçon.
Le Boucher reste un film étrangement calme. Chronique villageoise dont l'envers est peu à peu révélé : une série de jeunes femmes assassinées. Tableau de mœurs d'où se détachent d'emblée les figures du boucher et de l'institutrice, la trajectoire encore balbutiante d'une idylle champêtre.
Le film mêle un naturalisme d'une précision cruelle, presque grotesque avec une dimension fantastique sourde, subtile, renvoyant le monstre à sa puissance pulsionnelle et métaphysique, le réduisant parfois à une voix venue du fond de la nuit.
Jean-Paul Pénard
d'après Le Monde (Elisabeth Lequeret, Jean-François Rauger)
Le film est-il une tragédie ?
Claude Chabrol :
— Non. Je suis contre la tragédie et pour le mélodrame. […] Ce film en est un – comme l'était Que la bête meure – et l'on pourrait dire que le malheur – mais non la fatalité – pèse sur le couple. Faulkner a écrit : « Un homme est la somme de ses propres malheurs, et quand il a l'impression que ceux-ci commencent à se fatiguer, c'est le temps qui, pour lui, devient un malheur. » C'est une belle définition qui s'applique à mes personnages – lui étant inaccompli, elle déséquilibrée – et, dans leur cas, il est certain que leurs malheurs sont, à l'origine, des manques intérieurs. En les montrant, je voudrais que l'on ait une conscience aiguë d'un bonheur possible et toujours absent. Et l'on devrait y être d'autant plus sensible que le village est un lieu privilégié, à la fois un peu édénique un peu allégorique.
— Au-delà de mes trucs, de mes intentions ou de mes idées, je me suis attaché à ce qu'il n'y ait rien, dans le film, qui ne soit vrai. Il serait ridicule de faire une allégorie à tendance réaliste. Ce qu'il faut, c'est rester dans le réalisme et, à partir de là, ménager des « ouvertures ».
— Enfin, il n'y a pas du tout de méchanceté ici. À certaines époques, on a envie de fustiger le méchant, à d'autres, on préfère embrasser le brave. Aujourd'hui, je me sens plutôt enclin à aimer mon prochain tout en sachant que c'est dangereux de travailler « dans l'humain ». Mais quand on touche juste, c'est formidable.
Entretien par Yvonne Baby, 1970 (extraits)
« Il faut exprimer des choses complexes de façon simple, plutôt que le contraire » aime à répéter Claude Chabrol. Cet équilibre est parfaitement tenu dans le scénario du Boucher, l'un des plus réussis du cinéaste : l'intrigue propose une continuité haletante tracée comme une épure, tandis que le film charrie l'histoire même de l'humanité, perspective remontant au temps des cavernes – les peintures rupestres du générique, celles de la visite scolaire au grottes de Lascaux –, et regarde vers l'acquisition difficile, voire impossible de la culture, combat contre les pulsions primitives de la bête qui sommeille en l'homme. Le lieu est unique, les personnages peu nombreux, mais l'enjeu est universel : l'impuissance à communiquer est le sujet central du film.
Antoine de Baecque, Chabrol, Stock 2021
Pour commencer
Ça commence gaiement par un mariage campagnard où « Popaul », le boucher, rencontre « Mademoiselle Hélène », l'institutrice, idylle naissante ? Et puis, alentour, de jeunes femmes sont assassinées… L'institutrice soupçonne le boucher. Pourtant…
Allons plus loin
Tourné en 1969, Le Boucher scelle pour Claude Chabrol la fin d'une décennie prodigieuse lors de laquelle il a livré ses plus beaux opus. S'inscrivant dans l'impressionnante lignée de Landru, La Femme infidèle et Que la bête meure, Le Boucher s'offre sous les meilleurs auspices chabroliens : équipe de fidèles (Jean Rabier à la lumière, Jacques Gaillard au montage, musique de Pierre Jansen), acteurs de prédilection (Stéphane Audran, Jean Yanne) et terreau provincial.
C'est une figure très chabrolienne qui fournit le cadre des premières séquences : un banquet de mariage, salle des fêtes miteuse, foule endimanchée... Chabrol est passé maître dans la captation quasi documentaire de ces scènes de la vie provinciale, auxquelles il injecte le condiment qui subtilement les altérera : grain de la discorde ou piment du soupçon.
Le Boucher reste un film étrangement calme. Chronique villageoise dont l'envers est peu à peu révélé : une série de jeunes femmes assassinées. Tableau de mœurs d'où se détachent d'emblée les figures du boucher et de l'institutrice, la trajectoire encore balbutiante d'une idylle champêtre.
Le film mêle un naturalisme d'une précision cruelle, presque grotesque avec une dimension fantastique sourde, subtile, renvoyant le monstre à sa puissance pulsionnelle et métaphysique, le réduisant parfois à une voix venue du fond de la nuit.
Jean-Paul Pénard
d'après Le Monde (Elisabeth Lequeret, Jean-François Rauger)
Le film est-il une tragédie ?
Claude Chabrol :
— Non. Je suis contre la tragédie et pour le mélodrame. […] Ce film en est un – comme l'était Que la bête meure – et l'on pourrait dire que le malheur – mais non la fatalité – pèse sur le couple. Faulkner a écrit : « Un homme est la somme de ses propres malheurs, et quand il a l'impression que ceux-ci commencent à se fatiguer, c'est le temps qui, pour lui, devient un malheur. » C'est une belle définition qui s'applique à mes personnages – lui étant inaccompli, elle déséquilibrée – et, dans leur cas, il est certain que leurs malheurs sont, à l'origine, des manques intérieurs. En les montrant, je voudrais que l'on ait une conscience aiguë d'un bonheur possible et toujours absent. Et l'on devrait y être d'autant plus sensible que le village est un lieu privilégié, à la fois un peu édénique un peu allégorique.
— Au-delà de mes trucs, de mes intentions ou de mes idées, je me suis attaché à ce qu'il n'y ait rien, dans le film, qui ne soit vrai. Il serait ridicule de faire une allégorie à tendance réaliste. Ce qu'il faut, c'est rester dans le réalisme et, à partir de là, ménager des « ouvertures ».
— Enfin, il n'y a pas du tout de méchanceté ici. À certaines époques, on a envie de fustiger le méchant, à d'autres, on préfère embrasser le brave. Aujourd'hui, je me sens plutôt enclin à aimer mon prochain tout en sachant que c'est dangereux de travailler « dans l'humain ». Mais quand on touche juste, c'est formidable.
Entretien par Yvonne Baby, 1970 (extraits)
Plein tarif : 5,50€
Tarif réduit : 3,50 € (Étudiants, chômeurs, moins de 16 ans)
Carte abonnement 10 places: 50 €.
Tarif réduit : 3,50 € (Étudiants, chômeurs, moins de 16 ans)
Carte abonnement 10 places: 50 €.
Modes Paiement
Chèque, EspècesGratuit
NonComplement
Plein tarif : 5,50€Tarif réduit : 3,50 € (Étudiants, chômeurs, moins de 16 ans)
Carte abonnement 10 places: 50 €
Jeudi 13 novembre 2025 à partir de 20h30.







