Ciné mon Mardi : L'affaire Abel Trem de Gabor Reisz

Pour commencer :
l est recalé. Il s'était présenté le jour de l'examen avec le costume qu'il portait le jour de la Fête nationale, sans enlever la cocarde nationaliste qu'il avait mise ce jour-là. À son père, obsédé par la réussite scolaire, il ment sur les raisons de son échec et prétend avoir été injustement disqualifié à cause de cet insigne. S'ensuit un scandale politico-médiatique

Allons plus loin :
Troisième long-métrage du réalisateur hongrois Gábor Reisz, mais premier à sortir en France, L'affaire Abel Trem (vainqueur du prix Orizzonti à la dernière Mostra de Venise) s'avance dès son titre français, comme un film dossier. Au cœur de « l'affaire », la cocarde accrochée sur le revers de la veste du lycéen Abel Trem. Elle est traditionnellement portée en Hongrie à l'occasion de l'anniversaire de la guerre d'indépendance de 1848, Mais aujourd'hui, elle symbolise de plus en plus le Fidesz, le parti populiste national-conservateur au pouvoir de Viktor Orban.

Craignant l'ire du paternel, nationaliste peu commode, Abel fabule que le prof d'histoire, un progressiste sympa, lui aurait refusé la moyenne à cause de cet insigne sur son veston. Il n'en faut pas plus pour que, dans un pays fortement polarisé par le régime, les esprits s'échauffent, à la faveur notamment d'un article rendant publique la mésaventure d'Abel Trem. L'ironie du film se loge dans cet insigne dont l'adolescent ignore toute la symbolique.

L'affaire Abel Trem captive d'abord par sa construction narrative. Le Hongrois Gábor Reisz y convoque plusieurs protagonistes, pièces d'un même puzzle : un thriller psychologique, tout en économie de moyens, qui dépeint une société hongroise polarisée, à l'image d'autres sociétés occidentales, entre une droite nationaliste et une gauche libérale, incarnée ici par le professeur d'histoire qui recale Abel. Deux partis inconciliables dans leur interprétation des mêmes faits.

Dans un monde où la parole reste l'entremetteuse privilégiée, ainsi que la source de nombreux déchirements, chacun a son « explication à tout », comme le souligne le titre même du film en hongrois (Magyarázatmindenre). Cependant, Gabor Reisz évite l'écueil du manichéisme en nous faisant accéder à l'intimité, aux aspirations et aux contradictions de chacun.

Les mots du réalisateur
Gabor Reisz : « La pression de ses parents sur Abel est la même que celle que j'ai subie durant mon lycée », déclare le réalisateur dans le dossier de presse du film : « cette pression familiale qui veut vous pousser vers l'université même si vous ne le souhaitez pas. Je me souviens très bien de cette période sensible : vous n'avez que 18 ans, c'est la première fois que vous tombez amoureux, la première fois que vous prenez vraiment conscience de l'environnement autour de vous, et c'est très difficile de prendre une décision sur son propre avenir. C'est cet état que j'ai voulu retranscrire dans le film. »
L'Équipe de Ciné mon mardi
d'après Libération, Les Inrockuptibles,
Le Monde et le dossier de presse


** Ciné mon mardi :
Collectif de cinéphiles créé en 2006, Ciné mon Mardi résiste et continue de vous proposer à Veynes des films d'auteur, choisis dans le patrimoine ou l'actualité du 7eArt, des ciné-débats, des ciné-rencontres et autres occasions de cinéphilie.
Les actions de Ciné mon Mardi devenant de plus en prenantes, l'équipe souhaite se renforcer. Si vous aimez le cinéma, si vous avez du temps à y consacrer, si vous êtes intéressés à nous rejoindre, contactez-nous : 06 85 01 11 84.