Ciné mon Mardi " Grand tour "

Bonjour à vous, spectateurs de Ciné mon Mardi, fidèles ou occasionnels, cinéphiles chevronnés ou amateurs avertis d'un cinéma de qualité.

Pour commencer
Rangoon, Birmanie, 1917. Edward, fonctionnaire de l'Empire britannique, s'enfuit le jour où il doit épouser sa fiancée Molly. Déterminée à se marier, Molly part à sa recherche et le suit sur les traces de son « Grand tour ». Un merveilleux et aventureux voyage à travers l'Asie, le cadre d'une comédie romantique située début XXe , mais aussi un périple accompli de nos jours dans une démarche documentaire.

Allons plus loin
À l'annonce de l'arrivée de Molly, Edward prend la fuite. Ils sont fiancés depuis plusieurs années mais il n'envisage plus le mariage. Est-ce un lâche ? Elle, est pour le moins têtue. La femme devient un chasseur, l'homme une proie et sur cet argument de comédie romantique, le portugais Miguel Gomes nous embarque dans son Grand Tour, une aventure riche en péripéties, un voyage qui s'avérera double, une expérience cinématographique singulière.

En premier lieu, c'est le périple entrepris par Edward, de la Birmanie à la Chine, en passant par les Philippines, le Japon ou encore la Malaisie, selon la tradition de l'Asian Grand Tour que les jeunes aristocrates britanniques entreprenaient pour parfaire leur éducation. Fugitif émotionnel et âme mélancolique, Edward est pourchassé par Molly qui refuse de croire qu'il s'est enfui pour échapper au mariage.

Jeune femme déterminée et téméraire, elle suit méticuleusement les traces d'Edward, dans les villes comme dans la jungle, reste d'humeur légère malgré les situations délicates, voire dramatiques. Les deux fiancés ne se trouveront jamais au même endroit mais nous feront visiter les mêmes lieux, pour cette fiction en costumes, aux tribulations parfois loufoques, tournée en studio en un noir et blanc au grain pellicule des plus savoureux. Dans cette intrigue facile à suivre, Miguel Gomes utilise avec grâce les procédés typiques du cinéma muet, délaissant la parole pour une approche purement visuelle, nous embarquant facilement vers le sentiment poétique.

Et puis le deuxième grand tour est celui parcouru par Miguel Gomes, en vrai, avec une équipe légère, dans une démarche cette fois-ci documentaire : croquis sporadiquement en couleur de la vie asiatique d'aujourd'hui, filmés sur le trottoir ou au fond d'un restaurant, théâtre de marionnettes, d'ombres chinoises ou scène de karaoké, dans un environnement de scooters et de téléphones portables.

Grand Tour s'avère être un double carnet de voyage nous laissant en contemplation devant de merveilleux paysages mais aussi en confrontation avec de lointaines cultures. Miguel Gomes fait se télescoper des récits qui s'entrecroisent, d'une époque à une autre, d'une langue à une autre, un dispositif donnant au spectateur le sentiment d'un autre monde où le temps est suspendu.
Les mots du cinéaste
Miguel Gomes : « Le monde du cinéma ce n'est pas la vie, ce n'est pas notre monde. Il peut y avoir des règles différentes notamment avec le temps. Le temps est quelque chose de passionnant à explorer au cinéma. […] Dans Grand Tour, on voit parfois les acteurs, les personnages dans une Asie fabriquée par le cinéma. Une fausse Asie que le cinéma a inventée. Cette histoire se passe en 1918. Et, en même temps on coupe parfois, on passe ces images où on voit les personnages dans les mêmes espaces, les mêmes régions, mais filmées de nos jours. […] C'est le côté fantomatique du cinéma. On peut projeter les personnages dans un monde qui ne leur correspond pas ».

Grand tour a obtenu le Prix de la mise en scène à Cannes en 2024.
L'Équipe de Ciné mon mardi
d'après Lille la nuit, L'Info tout court,
Les Inrocks, Le Bleu du miroir

La réservation est conseillée via : cine.veynes@orange.fr ou au 04 92 58 15 27 aux heures d'ouverture du Quai des arts.
Réservez au plus tard le lundi 16 décembre.
Au delà, pas de confirmation possible.