Ciné mon Mardi : Le mal n'existe pas

Pour commencer :
Takumi et sa fille Hana vivent dans le village de Mizubiki, près de Tokyo. Comme leurs parents avant eux, ils mènent une vie modeste en harmonie avec la nature. Le projet de construction d'un « camping glamour » dans le parc naturel voisin va mettre en danger l'équilibre écologique du site et affecter profondément la vie de Takumi et des villageois...

C'est l'histoire d'un paradis fragile, qui ne tient qu'à un cours d'eau, clair et limpide, traversant un village peuplé de quelques âmes. Takumi, visage rond et moustache, y vit avec sa fille, Hana, huit ans. Il partage son temps entre quelques tâches : couper du bois, remplir les bidons à la source. Ces travaux effectués, il s'autorise une cigarette et part en voiture chercher sa fille à l'école, quand il y pense. Quand il oublie, il finit toujours par la rejoindre et sur le paisible chemin du retour, il lui apprend à identifier et nommer les arbres.
Un soir d'hiver, Takumi retrouve ses voisins pour discuter du projet inquiétant d'un camping de luxe à deux pas de chez eux. Les conseillers d'une agence de communication, un homme et une femme, viennent présenter le concept aux villageois et leur promettent monts et merveilles. Ces derniers ne sont pas dupes et dénoncent l'absurdité du projet. C'est le point de bascule du récit, où l'on sent la menace d'un effondrement...
Le mal n'existe pas est un conte. Il nous met devant la question : une entente entre les urbains et les ruraux est-elle possible ? Le film déploie une autre idée, primordiale : l'envahissement de la nature par l'humain. Les ruraux ont trouvé un équilibre avec elle, au prix de l'observance de ses lois. On ne peut impunément se mettre « sur le trajet des cerfs ».
On contemple beaucoup la nature dans Le mal n'existe pas : le ciel, les arbres, la neige, la lune. Mais derrière la beauté lancinante des images, se cache la violence d'un thriller. Mystère !

Les mots du réalisateur
Ryusuke Hamaguchi : « Je crois que les films ont besoin de mystère, et que le trouble est l'une des plus belles émotions que peut ressentir un spectateur de cinéma. C'est toujours ce que j'essaie d'atteindre. Mais je ne saurais pas créer directement du mystère, je n'ai pas ce talent-là. J'ai besoin de partir de quelque chose de réaliste. En l'occurrence, […] le projet irrespectueux de l'environnement et violemment contesté par la population locale est très proche d'une situation qui a réellement eu lieu et sur laquelle je me suis documenté. C'est un bon point de départ pour lier entre eux des drames humains très divers et le motif de la nature. À partir de là, je peux laisser travailler mon imagination et aller vers des territoires plus mystérieux. »

** Ciné mon mardi :
Collectif de cinéphiles créé en 2006, Ciné mon Mardi résiste et continue de vous proposer à Veynes des films d'auteur, choisis dans le patrimoine ou l'actualité du 7eArt, des ciné-débats, des ciné-rencontres et autres occasions de cinéphilie.
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